
les coûts élevés de licence les poussent vers les alternatives open source
Une nouvelle étude révèle qu’environ 75 % des utilisateurs d’Oracle Java ont fait l’objet d’un audit de conformité logicielle au cours des trois dernières années. Ces audits sont menés par Oracle pour vérifier si les entreprises utilisent correctement leurs licences Java, conformément aux termes du contrat. La fréquence élevée des audits suscite des préoccupations dans les organisations, ce qui les pousse davantage vers les alternatives open sources. Beaucoup affirment qu’Oracle a intensifié ses efforts de contrôle depuis le changement de modèle de licence Java. Oracle est largement connu pour son approche agressive en matière de licence logicielle.
Les licences logicielles deviennent un véritable casse-tête pour les responsables informatiques. Et une nouvelle étude commandée par l’ITAM Forum et la société Azul rapporte qu'Oracle Java est particulièrement source de difficultés. Ces problèmes rencontrés par les organisations découlent principalement des changements apportés par Oracle au modèle de licence Java, notamment le passage à un modèle basé sur le nombre d’employés en janvier 2023.
L'enquête, menée auprès de 500 gestionnaires de ressources informatiques dans des organisations qui utilisent Oracle Java, a révélé que 73 % d'entre eux ont fait l'objet d'un audit au cours des trois dernières années. Environ huit sur dix ont déclaré avoir migré ou avoir l'intention de migrer vers des alternatives Java open source afin de tenter de gérer les risques et les coûts élevés des environnements de développement et d'exécution de l'éditeur dominant.
Le rapport de l'étude indique que 27 % des entreprises dépensent désormais plus de 500 000 dollars par an pour traiter ce problème. Un peu moins des deux tiers estiment que les alternatives Java open source pourraient leur faire économiser au moins 40 % par rapport aux coûts de licence Oracle Java.

Les clients d'Oracle Java sont mécontents des coûts de licence
Oracle a obtenu les droits sur le langage de programmation Java lors de l'acquisition de Sun Microsystems en 2009 pour un montant de 7,4 milliards de dollars. Le géant des logiciels a introduit pour la première fois deux nouveaux modèles de licence pour sa plateforme populaire Java commerciale, Standard Edition (Java SE), en avril 2019. À partir de cette date, la société a commencé à facturer des droits de licence pour Java qui était auparavant gratuit.
Ensuite, le 23 janvier 2023, Oracle a décidé de remplacer des abonnements Java SE, passant d'un abonnement par utilisateur ou par processeur à un abonnement par employé. Cette décision a entraîné une forte hausse des prix significative pour de nombreux utilisateurs. À titre d'exemple, en juillet 2023, Gartner a enregistré des utilisateurs ayant subi des augmentations de prix allant de deux à cinq fois lorsqu'ils sont passés au nouveau modèle de licence.
Les critiques ont qualifié ce changement de « prédateur », car les organisations qui utilisaient peu Java, mais qui avaient un grand nombre d'employés risquaient d'être durement touchées par l'augmentation des coûts. Deux ans plus tard, l'enquête menée par le cabinet d'études de marché Dimensional Research pour ITAM Forum et Azul révèle que seuls 14 % des utilisateurs d'Oracle Java ont l'intention de s'en tenir au modèle d'abonnement de l'éditeur.
Bien que les fournisseurs aient le droit de facturer les logiciels protégés par des droits d'auteur, 25 % des répondants ont déclaré que les configurations logicielles complexes rendent le suivi de l'utilisation des applications plus difficile. « Pour éviter les hausses de prix d'Oracle, les clients doivent passer à la dernière version de Java tous les trois ans pour continuer à bénéficier d'une assistance gratuite dans le cadre du programme Oracle Java », selon le rapport.
Plus de la moitié des participants à l'enquête (54 %) ont déclaré que leur organisation dépense plus de 100 000 dollars par an pour résoudre les problèmes liés à la non-conformité de licence logicielle, tandis que 27 % des répondants ont déclaré que ce chiffre est supérieur à 500 000 dollars par an.
« Les résultats mettent en évidence une inadéquation fondamentale entre la complexité des licences logicielles modernes et les ressources dont disposent les organisations pour gérer efficacement la conformité des logiciels », a déclaré Martin Thompson, fondateur de l'ITAM Forum. Il a ajouté que les professionnels de l'ITAM ont besoin de ressources et de l'adhésion des dirigeants pour garantir la conformité et une gestion réussie des licences.
Les autres résultats notables de l'enquête
Le coût est cité comme la principale raison de la migration par 51 % des personnes, bien que 29 % d'entre elles aient également mentionné l'imprévisibilité du budget. Toutefois, davantage de répondants se sont dits préoccupés par la sécurité et la fiabilité (57 %). Beaucoup se sont également inquiétés de l'évolutivité (49 %), de la complexité des licences et de la conformité (28 %), ainsi que de la compréhension des conditions générales d'Oracle (27 %).
En effet, si certains clients prévoient de rester chez Oracle, 96 % des utilisateurs d'Oracle Java ont un certain niveau d'inquiétude concernant les licences et les tarifs de l'entreprise. Seul 1 % des personnes interrogées n'étaient pas du tout intéressées par les avantages de l'open source. Pourtant, les changements de tarification d'Oracle n'ont pas été entièrement négatifs, car ils ont entraîné des changements organisationnels salutaires dans d'autres domaines.
Deux personnes sur cinq (39 %) ont reconnu que le passage à une tarification basée sur le nombre d'employés les a incitées à mettre en place de meilleurs systèmes de suivi de l'utilisation par les employés et des coûts de licence, 29 % d'entre elles ayant noté une meilleure collaboration entre les services.
« À mesure que les charges financières et opérationnelles liées aux licences logicielles augmentent, les organisations reconnaissent la nécessité d'adopter des approches plus intelligentes et plus collaboratives pour gérer les risques et réduire les dépenses », conclut le rapport.
Les offres alternatives profitent de la colère contre Oracle Java
Peu de temps après la mise en œuvre du nouveau modèle de licence Oracle Java, les experts ont averti qu'il entraînerait une augmentation significative des prix pour les utilisateurs qui l'adopteraient. En juillet 2024, la société mondiale de recherche technologique Gartner prévoyait que les utilisateurs du nouveau forfait d'abonnement seraient confrontés à des coûts entre deux et cinq fois supérieurs à ceux du modèle précédent basé sur l'utilisation.
Avec la nouvelle tarification d’Oracle pour Java SE, de nombreuses entreprises cherchent des alternatives pour éviter des coûts excessifs. Heureusement, plusieurs options existent, qu'elles soient open source, commerciales ou hybrides. Voici un tour d'horizon des principales alternatives à Java SE d’Oracle.
OpenJDK : l’option open source la plus populaire
OpenJDK (Open Java Development Kit) est l’implémentation officielle et open source de Java, maintenue par la communauté et soutenue par de grands acteurs du secteur comme Red Hat, Amazon et Azul. Elle offre les mêmes fonctionnalités de base que Java SE d’Oracle.
Elle présente des avantages : gratuite et open source, mises à jour régulières et sécurisées, soutenue par de nombreux contributeurs et entreprises. Cependant, elle n'a pas de support officiel de la part d’Oracle et elle présente une dépendance à des fournisseurs tiers pour des mises à jour de long terme.
Amazon Corretto : Java optimisé par AWS
Amazon Corretto est une distribution gratuite, multiplateforme et compatible de Java (OpenJDK), développée et maintenue par Amazon Web Services (AWS). Corretto est fourni avec une prise en charge longue durée qui inclut des améliorations de performances et des correctifs de sécurité. Amazon exécute Corretto en interne sur des milliers de services de production. Corretto est également compatible avec la norme Java SE.
Grâce à Corretto, vous pouvez développer et exécuter des applications Java sur des systèmes d'exploitation courants, notamment Linux, Windows et macOS. Comme avantages, Corretto est entièrement gratuite, optimisée pour une utilisation sur les plateformes cloud AWS et le support à long terme et les correctifs de sécurité sont garantis. Toutefois, elle est fortement liée à l’écosystème AWS, ce qui peut être un frein pour certaines entreprises.
Azul Zulu et Azul Prime : Java avec support commercial
Azul propose plusieurs distributions basées sur OpenJDK, dont Azul Zulu (équivalent à OpenJDK avec support) et Azul Prime (optimisé pour de meilleures performances). Comme avantages nous pouvons citer le support commercial à des prix compétitifs, des performances améliorées avec Azul Prime et la compatibilité avec diverses plateformes (Windows, Linux, macOS). Cependant, certaines fonctionnalités avancées nécessitent une licence payante.
Eclipse Temurin : soutenu par la Fondation Eclipse
Eclipse Temurin est une distribution OpenJDK développée par l’Adoptium Working Group (anciennement AdoptOpenJDK) et soutenue par la Fondation Eclipse. Eclipse Temurin est gratuit et open source, soutenu par une communauté active et compatible avec de nombreux environnements. Cependant, cette distribution de Java souffre de quelques limites. En particulier, elle a moins d’optimisations spécifiques que certaines alternatives commerciales.
Red Hat OpenJDK : pour les entreprises Linux et cloud
Red Hat fournit une version OpenJDK avec un support à long terme, principalement destinée aux entreprises utilisant sa distribution Red Hat Enterprise Linux (RHEL) ou les solutions cloud associées. Le support commercial est inclus avec Red Hat Enterprise Linux et la stabilité et les mises à jour garanties. Toutefois, il est important de souligner que cette alternative est mieux adaptée aux entreprises déjà intégrées dans l’écosystème Red Hat.
Conclusion
Le changement de modèle de tarification d'Oracle pour Java SE a provoqué une réaction significative de la part des clients. De nombreux clients considèrent ces augmentations comme excessives. Alors que certaines entreprises choisissent de rester avec Oracle en négociant des conditions plus favorables, d'autres se tournent vers des alternatives open source pour réduire leurs coûts et éviter les complexités associées aux nouvelles licences.
Il est essentiel pour chaque organisation d'évaluer attentivement ses besoins et d'explorer toutes les options disponibles pour prendre une décision éclairée. Quoiqu'il en soit, la domination d’Oracle sur Java n’est plus une fatalité. Avec la montée en puissance d’OpenJDK et de ses déclinaisons, les entreprises disposent d’options viables pour éviter les coûts élevés des licences Oracle tout en bénéficiant d’un support adapté à leurs besoins.
L'enquête publiée par l’ITAM Forum et le fournisseur Azul met en lumière les tensions croissantes entre Oracle et ses clients autour de Java. La multiplication des audits est perçue comme un levier de monétisation, mais elle risque aussi d’éroder la confiance des utilisateurs dans l’écosystème Oracle.
Source : rapport de l'étude
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